Comme c’est la saison des épreuves, j’ai eu envie de partager avec vous mon expérience du CAP Tailleur, encore appelé CAP MMVT par les habitués. Cet article est un peu long mais je n’ai pas voulu le couper en 2 pour ne pas faire trop durer le suspense 😉

Se lancer dans le CAP Tailleur

Tout a commencé lors d’un weekend couture “Spécial Manteau” organisé entre anciennes candidates juste après le CAP Flou. L’effet de groupe favorisant l’émulation, il n’a pas fallu longtemps avant de décider de nous lancer dans l’aventure du CAP Tailleur ! 

Après quelques recherches, il a fallu se rendre à l’évidence : l’existant pour permettre de s’entraîner en vue du CAP Tailleur était proche du néant pour les candidats libres. Nous avons donc créé le groupe CAP MMVT sur Facebook bien décidées à nous entraider comme nous l’avions fait pour le CAP Flou. Le temps a ensuite fait son œuvre en émoussant la motivation d’une partie des volontaires mais, comme j’aime les défis, je suis finalement allée jusqu’au bout et j’ai passé les épreuves.

Pour la préparation, vu le peu d’information disponible, j’ai axé mes révisions en fonction des sujets d’annales. Celles-ci n’étaient malheureusement pas toujours complètes, mais c’était mieux que rien. J’ai évidemment travaillé en priorité cette année-là, les réalisations sur tissu épais comme les vestes et les manteaux. Enfin, je me suis procuré le livre la veste tailleur homme de Sébastien Espargilhé que j’ai suivi pas à pas pour réaliser une veste tailleur en technique traditionnelle. C’est un peu au-delà du périmètre du référentiel, il faut bien l’admettre, mais il s’agissait malgré tout d’un projet très instructif et d’un excellent entraînement pour tout ce qui est couture à la main.

Voilà donc comment je me suis retrouvée début juin à Montereau-Fault-Yonne, charmante bourgade du fin fond de la Seine et Marne, à la limite de l’Île-de-France pour passer le PSE. J’ai d’abord cru à une erreur d’affectation en lisant ma convocation, mais non ! Vu le faible nombre de candidats, il n’y avait à l’époque qu’un seul site  qui regroupait tous les candidats de l’Île-de-France.

J’ai donc retrouvé sur place deux de mes comparses du weekend couture avec lesquelles j’avais continuer à échanger durant l’année. Nous étions dispensée de l’EP1, gardant le bénéfice de nos notes du CAP Flou mais à l’époque, l’épreuve de PSE devait être repassée systématiquement – cela a changé depuis heureusement.

Les épreuves

Le PSE

Nous sommes un peu moins d’une dizaine : c’est en effet très peu pour la totalité de l’Ile de France. Vu le nombre de places vides, tout le monde ne s’est pas présenté.

A la fin de l’épreuve, le chargé de travaux nous retrouve pour nous faire visiter l’atelier. Nous testons les machines et faisons quelques enfilages avec l’aide des professeures qui seront également chargées de surveiller l’EP2. Très gentiment, le responsable propose de nous attribuer pour l’examen la machine sur laquelle nous avons fait nos tests. Nous acceptons avec un petit soulagement, ce sera toujours ça de moins à gérer !

EP2 - Mise en route

Quelques jours plus tard nous nous retrouvons toutes pour démarrer l’épreuve. Ayant presque 2h de route, je partage cette fois-ci un Airbnb avec une autre candidate qui vient de l’extrémité opposée de l’île de France et pour qui il est inenvisageable de faire le trajet chaque jour. Nous sommes donc arrivés la veille afin d’attaquer parfaitement fraîches le jour J.

Comme pour le CAP Flou, les sujets sont distribués par les examinatrices une fois que tout le monde est installé. L’ambiance est bienveillante et nous sommes plutôt rassurées car nous connaissons l’atelier. Tout commence très bien puisque le responsable nous indique qu’exceptionnellement il ne décachètera pas les enveloppes des sujets devant nous ! En effet,les examinatrices ont trouvé suspect le volume de la pile de sujets transmis par la Maison des Examens, bien moins important que les années précédentes. Elles avaient bien raison puisqu’une planche patron avait été omise et n’avait pas été imprimée… Elles ont donc dû refaire et réimprimer en urgence toute la partie entoilage du modèle ! 

EP2 - Première journée

Soulagées d’avoir évité le drame, nous découvrons fébrilement le sujet : il s’agit d’une petite veste en lin avec… des poches paysannes ! Pour moi qui ai passé le CAP Flou l’année précédente avec la veste Agathe, je commence à avoir quelques notions sur la question. Le col est un col plat type claudine monté de manière très classique (pas de col tailleur, ouf !) et il y a tout un travail de pose d’entoilage, de passements droit-fil, de couture à la main et autres joyeusetés qui demandent pas mal d’attention. Pour autant, le modèle semble réalisable dans les temps. Après une lecture attentive, mais néanmoins rapide car la gamme est particulièrement courte – 16 étapes seulement ! – quelques coquilles sont détectées dans le sujet par les différentes candidates et bien vite corrigées avec l’aide des examinatrices. Nous nous lançons sans perdre une seconde dans notre découpage de patron pour pouvoir placer nos pièces sur l’entoilage.

A peine une heure après le début de l’épreuve, je sors de ma concentration, alertée par un bruit de voix, quelques tables devant moi. Une des candidates a commencé à découper alors que l’examinatrice n’a pas vérifié son plan de coupe et cette dernière est en train de lui passer un savon. Et là, coup de théatre : la jeune femme prend ses affaires et quitte la salle ! Nous sommes toutes un peu surprises d’autant qu’elle avait passé toutes les épreuves, y compris les matières générales mais nous nous remettons bien vite à l’ouvrage : le temps nous est compté… 

Je retourne à mon plan de coupe : il y a peu de pièces à placer sur la toile, celle-ci est bien stable. La coupe se fait rapidement, sans encombre. Je passe ensuite un peu de temps à analyser mes pièces de tissu. En effet, notre bûche est disposée sur notre plan de travail mais sans les pièces de patron. Il faut les identifier à l’aide de la planche patron A0 que les examinatrices ont mis à notre disposition dans la salle. L’endroit de l’envers n’est pas simple à discerner sur le lin : il ne faut donc pas commettre d’erreur sous peine de se retrouver avec des erreurs de montage.

J’ai quelques interrogations sur les dimensions et le placement des entoilages en bas de veste mais je fais rapidement un choix de positionnement que je confirme auprès d’une examinatrice. La bande de droit-fil du milieu devant a du mal à rester collée sur le tissu : qu’à cela ne tienne, elle sera coincée au fini dans la parementure : je la maintiens en place du mieux possible en attendant. Je démarre les premières étapes d’assemblage que j’ai terminées en fin de matinée..

La pause déjeuner passe à la vitesse de l’éclair, nous échangeons quelques messages avec nos cou-pines qui passent l’épreuve dans les autres académies : elles en sont au même point que nous, cela nous rassure un peu.

De retour en salle, je passe vite à la poche qui est l’une des étapes cruciales de cette réalisation. Il faut reconnaître que le sujet commence fort puisque le montage de la poche n’est décrit par aucune étape dans la gamme. Nous n’avons que le schéma de la poche terminée et nous devons en déduire la procédure de montage.

Au bout de 2h, j’en viens à bout. J’ai l’impression d’être une cocotte minute, je suis rouge comme une tomate très très mûre mais le résultat n’est pas trop mal. Je jette un rapide coup d’œil autour de moi : ma colocataire semble en difficulté et est passée à la suite du montage, les autres s’affairent en silence. Toujours concentrée, je m’attaque maintenant à l’assemblage et à la pose de l’entoilage. Heureusement que j’ai travaillé un peu le montage traditionnel au cours de l’année car les techniques utilisées ne me sont pas inconnues. Elles sont de toute façon très clairement illustrées dans le dossier technique fourni avec la gamme ce qui les rend tout de même assez accessibles.

La journée se termine vite, mon avancement me semble satisfaisant. Avec ma compagne d’examen, nous regagnons notre Airbnb plutôt fourbues. Après un dîner rapide, nous échangeons un moment sur le montage de la poche qui lui a posé problème puis nous ne tardons pas à aller nous coucher : la journée a été intense.

EP2 - Deuxième journée

Le lendemain matin, je démarre rapidement le montage du col qui ne présente pas trop de difficultés. Je prends le temps de repasser proprement à chaque étape car le lin se froisse vite mais je garde un bon rythme car il faut encore monter et poser les manches et je souhaite avoir du temps pour toutes les finitions à la main qui sont toujours chronophages. Contrairement au flou où les examinatrices étaient très peu présentes, celles-ci sont plus attentives et passent régulièrement autour de nous en prenant des notes ce qui est un peu déroutant et même stressant, il faut bien l’admettre.

L’ambiance est studieuse, nous sommes toutes très absorbées pour éviter les erreurs dues à la fatigue. C’était sans compter sur la petite surprise du jour : l’alarme incendie retentit en milieu de matinée et nous devons évacuer l’atelier ! Nous perdons une bonne vingtaine de minutes qui nous sont heureusement recréditées pour ne pas impacter la durée totale de l’épreuve. 

La pause déjeuner est la bienvenue mais nous discutons peu, la fatigue se fait sentir. Ma coloc est rassurée : elle a finalement réussi à terminer ses poches et a bien avancé pendant la matinée : elle devrait arriver au bout de son modèle dans les temps. De mon côté, mes manches sont prêtes à être montées. Je me sens plutôt à l’aise avec cette technique donc je suis relativement sereine : je sais que je vais réussir à finir dans les 16h imparties. Comme prévu, le montage des manches se passe sans encombre. Je prends le temps de reprendre le placement des épaulettes qui n’était pas satisfaisant au premier montage.

En faisant l’ourlet, je m’aperçois que mes fonds de poche ne tombent pas à la même hauteur. Je contrôle à nouveau les placements : j’ai pourtant respecté les pointages d’origine faits au poinçon sur la bûche de pièces qui m’a été fournie. C’est un peu rageant mais impossible à rectifier, d’autant que je n’ai pas fait d’erreur de montage, donc je fais avec !

Je m’accorde un moment pour contrôler que je n’ai rien oublié, j’effectue un dernier repassage et je fixe mon étiquette d’anonymat. Je rends mon travail après 14h30 d’épreuve et il me semble globalement conforme mis à part ce problème de poche un peu décalée.Je suis plutôt contente de finir en avance : j’ai environ 2h de trajet en voiture pour rentrer chez moi, je vais pouvoir éviter les embouteillages de fin d’après-midi !

Mon histoire et ce long article s’achèvent ici ! Elle se termine bien, heureusement, puisque j’ai obtenu mon CAP Tailleur avec une très bonne note. 

De cette expérience, j’ai retenu que les techniques “Tailleur” autres que les techniques traditionnelles étaient très peu documentées aussi bien dans la littérature que sur internet. Voilà pourquoi, quelques années plus tard, j’ai eu envie d’écrire un e-book à destination de celles qui envisagent de préparer le CAP Tailleur ou qui cherchent à se perfectionner dans le domaine après un CAP Flou : vous trouverez toutes les informations sur la page dédiée !

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