Ou pourquoi il faut toujours se méfier de ce qui semble simple au premier abord.

Voilà un projet qui m’aura donné du fil à retordre. Démarré début novembre, je pensais en avoir pour 1 mois, cela m’aura finalement occupé presque jusqu’à fin décembre avec un petit rebond en janvier ! Et ce n’est que maintenant que je trouve le temps de résumer toute l’histoire.

Pourquoi coudre un manteau ?

Tout simplement parce qu’une collègue m’a demandé s’il était possible de lui faire un manteau et que j’ai répondu oui !
Elle m’a transmis quelques photos pour m’aider à bien comprendre ce qu’elle voulait :

Sur cette base, nous avons cherché des patrons du commerce qui pourraient correspondre. Quelques idées sympathiques ont émergées ( j’en ai d’ailleurs gardé quelques unes pour plus tard) :

Son choix s’est finalement porté sur un manteau style redingote McCall’s (le 6800 pour les habitués) :

Réalisation, couture et essayage

Sur la base de ses mesures et des infos fournies sur le patron, j’ai réalisé une toile.
Globalement, le premier essayage est assez catastrophique, cela ne semble pas du tout à la bonne taille. Je réalise un certain nombre de reprise au niveau des manches, des côtés et des épaules. Je remonte la taille car même la version « petite » ne parait pas correspondre avec la stature annoncée. Je remplace le col officier que j’avais pris en première option par le col tailleur car elle préfère ce type de col.

Et…. le second essayage n’est pas beaucoup plus encourageant : c’est toujours trop grand. Après avoir repris à nouveau la taille et les emmanchures, sans plus de succès, j’en arrive à la conclusion que les hypothèses que j’ai prises initialement sur la taille du patron sont complètement fausses. Je reprends les mesures complètes de ma collègue et je repars du patron en mesurant exactement les pièces pour avoir une taille adaptée. J’en profite pour corriger quelques bizarreries du patron et je réalise une 2ème toile. L’espoir renait à l’essayage puisque cette fois-ci, le résultat est bien mieux ajusté. Après quelques corrections mineures et la reprise du col pour permettre de fermer le manteau jusqu’en haut (ce qui n’était pas possible avec un col tailleur), la toile est validée… Ouf !

Entre-temps, ma collègue a eu tout le temps de sélectionnerles tissus candidats. Le patron recommande de la laine bouillie. Nous avons trouvé de la laine bouillie d’un très beau bleu roi chez tissu.net
Pour les boutons, son mari qui travaille le bois à usiné des boutons en ébène (trop la classe).
Et pour la doublure, une valeur sûre : celle de Coup de coudre.

A la réalisation, presque pas de problème. La laine bouillie est plus volumineuse que la toile, c’est un point identifié. En revanche, le nombre d’épaisseurs au niveau du col et de la parementure s’est avéré un peu difficile à gérer… Etonnamment, c’est parfaitement passé sous la machine (merci le double entrainement) mais le rendu n’était vraiment pas au niveau attendu et très difficile à mettre en forme. J’ai donc remplacé le dessous de col et la parementure d’encolure en laine par des pièces en coton bien moins épaisses.

L’essayage nous a réservé encore quelques surprises. J’avais sous-estimé le fait que cette matière à tendance à se détendre… et du coup, le manteau était beaucoup moins ajusté que la toile. J’ai donc repris la taille encore une fois, mais rien de bien méchant cette fois-ci.

Pour les boutonnières, j’ai hésité entre utiliser ma machine ou faire de vraies boutonnières tailleur. J’avais sans doute le secret espoir de m’éviter un petit voyage à Paris en pleine grève des transports mais le verdict est tombé très vite : avec les épaisseurs, ma machine atteint ses limites et n’arrive pas à entrainer le tissus . J’ai donc fait faire les boutonnières chez Mireille boutonnières, la valeur sûre, et il faut reconnaitre que le résultat fait nettement plus professionnel.

Verdict

J’ai fait 3 boutonnières mais pour respecter la contrainte manteau ouvert/manteau fermé, il fallait un bouton en haut et un bouton suffisamment bas pour permettre de rabattre le col sur le revers. J’ai donc fixé le 3ème bouton à égale distance des 2 autres. Le problème est qu’aucun bouton n’est fixé au niveau de la taille. Esthétiquement, c’est le meilleur choix… fonctionnellement, ce n’est pas la meilleure option, surtout que depuis le début, l’objectif était d’avoir la taille cintrée.

Morale de l’histoire, après quelques jours de réflexion, j’ai réalisé une toute dernière reprise pour cintrer encore un peu sous la poitrine et j’ai ajouté un bouton à la taille.
Mais ça valait le coup, le résultat est plutôt réussi (et au goût de ma collègue… c’est surtout ce qui compte).

Et voici le manteau porté :

Pour ma part, je suis contente d’être venue à bout de ce projet qui m’a demandé pas mal de persévérance et de ténacité…